Comment j’ai DÉPRIMÉ à force de vouloir ALLER BIEN
Arrêter de manger de la viande, se mettre au yoga, tenter le sans gluten, faire des listes pour positiver, respirer par le ventre, manger plus de concombres, prendre un abonnement curcuma et citron…
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! On fait tout comme il faut et on finit par être en plein burnout du bien-être tellement on va trop bien, on rit bien, on respire trop bien !
Eh merde, on hyperventile ! Allez inspire, bloque ta respiration, expire doucement…
Oh et puis merde, on va prendre un verre de vin.
1. Le harcèlement du karma
Tout a commencé en achetant un magazine de bien-être et quelques bouquins pour fabriquer son déodorant et son dentifrice bio.
On feuillette, tranquille, avec notre thé vert bio et notre petite culotte en coton responsable. Le magazine nous demande si on va bien. Si on va vraiment bien. A priori oui, ça va merci, on est pénarde dans notre canap’ avec un thé, on ne risque pas de mourir immédiatement et nos pâtes sont en train de cuire. Ça va pas mal quoi.
« Non mais êtes-vous sûre que vous allez bien ? Ne sentez-vous pas comme votre respiration est bloquée ? Comme elle contraint vos émotions ? Vos émotions qui ont envient de jaillir ? Prenez le temps de penser à ce qui vous fait du mal, à ce qui vous a fait du mal, à votre passé, à vos doutes, laissez-les s’échapper… »
Oh bah putain voilà que j’ai le cafard.
2. L’espoir de la lumière
Maintenant qu’on est bien déprimée, on nous promet de tout arrêter, de repenser notre mode de vie et d’écouter notre lumière intérieure pour aller chercher la sérénité du cœur de la Terre.
Vu qu’on a bien chialé en pensant à kiki notre petit Yorshire mort et à la fois où l’on a perdu au Ping-Pong contre Sofia alors qu’elle avait triché, on veut carrément sortir de cette mélancolie goût chewing-gum et aller mieux !
3. La solution du gourou-gluten
Alors c’est parti, on vide notre frigo de tout ce qui contient du gluten, on se fait un smoothie à l’avocat et aux épinards, on respire par le ventre et on commence à mater des vidéo Youtube de yoga.
Le gourou-gluten ou sorte d’entité du bien-être qui se situe entre le psy, le diététicien et le conteur pour gosses nous dit de purger notre corps pour libérer notre esprit. Jus de pruneau, bouleau, smoothie vert, crudité, chou...
A part faire pisser on ne voit pas trop ce que ça fait mais c’est pas grave, on reprend un petit jus, croque dans une amande et souffle par le ventre.
On vient de renverser notre paquet de Rooibos en vrac entre les lattes du parquet. On lâche un gros putain mais on se reprend vite ! Ommmmmmmmmmm : interdiction de s’énerver qu’a dit le gourou.
4. La communion entre copain-gluten free
Heureusement, nous nous rendons compte que nous ne sommes pas seule dans notre quête du bien-être. Il y a plein de petits copains un peu partout qui ont arrêté de manger des lasagnes et boudent la mozzarella. Chouette ! On se sent en communion et ça nous motive un peu face à notre frigo aussi terne qu’une vielle courge bio.
Allez, apéro on se resserre un petit jus de pruneau bio… Notre estomac commence à refuser ce flot de liquide détox et purifiant, notre vessie semble exploser et un mini-orgasme nous prend dès que l’on croise un bout de saucisson.
On commence à se demander si les copains-bio ne sont pas un peu barbant : blogueuses, instagrameuses, auteures, toutes ont l’air d’avoir une vie divine. Divinement lisse, rangée, saine. Mais nous, notre bordel commence à nous manquer.
5. L’hystérie du bien-être
Au huitième magazine bien-être et au trente-deuxième jus de bouleau engloutis, on commence sérieusement à se demander ce qu’on fout là.
C’était quoi le but déjà ? On était juste posée là, tranquille dans notre canapé, heureuse et voilà qu’on a tenté d’être encore plus heureuse… Mais qu’est-ce qui ne va pas ? Alors que tout semble rouler à peu près, voilà qu’on veut nous extirper de notre sage paresse pour nous secouer comme un prunier pour qu’on aille mieux ?
Mais bordel je ne veux pas aller mieux je suis très bien comme ça et si j’ai envie de gueuler, d’être stressée et de m’enquiller un verre de rouge avec un gros steak, je ne vais pas culpabiliser cent ans en me disant que si je ne fais pas immédiatement deux heures de yoga, je vais mourir demain !
J’ai donc fini cul sec ce beau et grand verre de Bordeaux, englouti un steak, foutu à la poubelle le lot de magazine « Du bien-être au stress » et ai ouvert un bon vieux magazine de déco très suédoise et pas bio du tout.
Ah, on est bien mieux quand on est mal finalement !
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